Issus de matières organiques végétales telles que les déchets agricoles, les résidus forestiers, les céréales, etc., les biocarburants sont des carburants alternatifs qui présentent de nombreux avantages. En effet, leur exploitation permet de renforcer l’indépendance énergétique et de baisser les émissions de gaz à effet de serre relatives au transport. Ces carburants favorisent également le maintien des activités industrielles ou la création d’une activité agricole. Alors, où en est-on aujourd’hui en termes d’utilisation des biocarburants ? Quelles sont les normes qui régissent l’exploitation de ces carburants ? C’est ce que nous vous invitons à découvrir dans la suite de cet article.
Quelles sont les avancées enregistrées en matière de biocarburants ?
Aujourd’hui, les biocarburants sont principalement utilisés en tant que complément aux carburants fossiles ou additifs. En fonction de l’origine de la biomasse exploitée ainsi que des procédés de transformation adoptés, on distingue trois générations de biocarburants.
La première génération de biocarburants a atteint le niveau industriel et la deuxième est toujours à l’étape de développement. La réglementation de ces carburants est réalisée suivant la nature de la matière première.
Ainsi, les biocarburants conventionnels sont obtenus à partir d’une matière première en concurrence avec l’alimentaire et les biocarburants avancés sont élaborés avec d’autres matières premières. Désormais, l’intégration des biocarburants conventionnels est plafonnée à 7% de l’énergie contenue dans les carburants.
Il existe deux principales filières de production des biocarburants : la branche des carburants « essence » et celle des carburants « gazole ». La première filière dédiée aux véhicules essence est composée de l’éthanol et de son dérivé, l’ETBE (éthyl tertio butyl éther » et les bio-essences de synthèse. Au cours de l’année de 2019, environ 7,9% de l’énergie contenue dans les essences vendues dans les stations en France était d’origine renouvelable.
Le bioéthanol
Dans l’Hexagone, les céréales (maïs, blé) et la betterave à sucre sont les sources majoritaires exploitées pour la production du bioéthanol. Il est également élaboré à partir de certains résidus vinicoles (lies de vin et marcs de raisin).
Pour obtenir ce carburant proposé par les réseaux de distribution, les sucres contenus dans les céréales et la betterave à sucre sont transformés en alcool par fermentation industrielle. L’alcool obtenu subit ensuite une distillation et une déshydratation pour donner le bioéthanol.
Il convient de noter qu’en 2019, une grande partie des matières premières utilisées (environ 83%) pour la production du bioéthanol disponible en France proviennent de l’agriculture française. Sur le territoire, ce carburant est incorporé dans les essences commerciales. De fait, on en retrouve systématiquement dans le SP95-E5 (5%) et le SP95-E10 (10%).
On en retrouve aussi à forte teneur dans le carburant superéthanol E85. Ce biocarburant est disponible en station-service depuis 2007 et peut être utilisé dans les véhicules dédiés, connus sous le nom de véhicules Flex Fuel (ou voitures à carburant modulable) qui possèdent les adaptations nécessaires à l’usage de ce carburant (dispositif d’injection, compatibilité des matériaux plastiques et des joints, réglages du moteur, dispositions particulières pour garantir le démarrage à froid). Il est également possible, chez Biosystem par exemple, de procéder à l’installation d’un boîtier de conversion au Bioéthanol E85, afin de bénéficier d’une conduite plus économique et respectueuse de l’environnement.
Le bioéthanol peut également être utilisé sous la forme d’ED95, un carburant destiné aux véhicules disposant d’un moteur de type Diesel, particulièrement conçu pour ce type d’essence, ainsi que pour des flottes captives possédant une logistique d’approvisionnement et de maintenance adaptée.
La bioessence de synthèse
Quant à la bioessence de synthèse, elle peut être obtenue via l’hydrotraitement des huiles végétales ou par le procédé Fischer-Tropsch avec un gaz de synthèse. Ces processus de production sont assez lourds et sont généralement réalisés dans des unités de production comme les raffineries et les bio-raffineries.
Ce biocarburant peut être totalement mélangé à l’essence. Au cours de l’année 2019, la bioessence de synthèse incorporée dans les carburants a été obtenue grâce à l’huile de palme, l’huile de colza ainsi que les effluents d’huileries de palme.
De nouvelles filières pour le futur
Depuis un certain temps, la recherche sur les biocarburants de deuxième et troisième générations est mise en avant. Il s’agit donc de filières du futur qui se développent avec de nouveaux procédés industriels et qui utilisent des sources de biomasse qui n’ont aucun rapport avec l’alimentation humaine et animale.
Les carburants de « deuxième génération » proviennent de la modification de la lignocellulose que l’on retrouve dans les résidus forestiers et agricoles, dans les déchets industriels ou des plantes issues de cultures dédiées.
Les nouvelles filières de biocarburants sont particulièrement intéressantes, car elles présentent des bilans énergétiques positifs et permettent de limiter les problématiques d’exploitation des sols et de concurrence avec les produits alimentaires.
Plusieurs financements ont été d’ailleurs mis en place par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) pour le développement de ces nouvelles filières. De plus, le gouvernement a attribué à l’ADEME, la gestion d’un fonds destiné à soutenir les recherches engagées dans les secteurs des nouvelles technologies de l’énergie.
Quelles sont les normes qui réglementent l’usage des biocarburants en France ?
En 2009, une politique européenne commune a été élaborée par le paquet Energie-Climat. Surnommé le « 3 x 20 », le but de cette politique était de :
- réduire de 20% les émissions de gaz à effet de serre (par rapport aux chiffres de l’année 1990),
- améliorer l’efficacité énergétique de 20% ;
- augmenter la part des énergies renouvelables à 20% pour les autres pays européens et à 23% pour la France.
Au nombre des textes établis par le paquet Énergie-Climat, deux normes européennes définissent les critères de durabilité pour les biocarburants ainsi que les moyens de contrôle du respect de ces paramètres par les opérateurs économiques. Il s’agit de :
- la Directive européenne 2009/28/CE relative à la promotion de l’usage de l’énergie produite par des sources de biomasse qui fixe un objectif d’exploitation d’énergies renouvelables dans le bouquet énergétique de 23% pour l’Hexagone en 2020 et un résultat au moins égal à 10% d’énergies renouvelables dans le domaine des transports au cours de la même année.
- la Directive européenne 2009/30/CE qui modifie la directive 98/70/CE relative aux particularités relatives à l’essence, aux gazoles et au diesel. Cette directive fixe un objectif de diminution des émissions de gaz à effet de serre générées sur tout le cycle de vie des carburants ou de l’énergie exploitée pour le transport en 2020.
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